Quels sont les pays africains qui recrutent dans le secteur de l'industrie pharmaceutique ?
Le 14/09/2022
En 2021, 54 pays africains ont ainsi coparrainé une résolution portant sur la fabrication locale de médicaments, de technologies médicales et de vaccins, qui a été présentée à l’Assemblée mondiale de la santé de l’OMS. En parallèle de cette prise de conscience politique, les investisseurs portent également un regard neuf sur le secteur pharmaceutique africain, attirés par le déséquilibre entre l’offre et la demande du continent. On peut donc s’attendre à ce qu’un nombre croissant de fabricants mondiaux de médicaments s’implantent en Afrique dans les années à venir. Enfin, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), entrée en vigueur le 1er janvier 2021, devrait contribuer à unifier la fragmentation du marché qui a longtemps découragé les investisseurs à se lancer dans la fabrication locale de produits pharmaceutiques.
Ces développements prometteurs ont naturellement créé de nouveaux emplois dans ce secteur en pleine mutation. Alors que l’Afrique est aujourd’hui clairement décidée à fabriquer elle-même les médicaments dont elle a besoin, voici un aperçu des pays africains qui recrutent le plus dans le secteur pharmaceutique.
L’Afrique du Sud
Le secteur pharmaceutique de l’Afrique du Sud est actuellement en plein essor. Avec des dépenses pharmaceutiques totales estimées à 3,6 milliards de dollars en 2020, l'Afrique du Sud est le plus grand marché pharmaceutique d'Afrique subsaharienne. Le pays possède également le plus grand programme antirétroviral du monde et est l'un des principaux producteurs mondiaux de produits radio-pharmaceutiques.
A l’instar de nombreux pays du continent, la pandémie de Covid-19 a relancé l’intérêt pour la production locale de vaccins. Les entreprises pharmaceutiques locales sont désormais appelées à jouer un rôle central dans la production et la fourniture des vaccins COVID-19 et d'autres médicaments.
Conscientes du potentiel du pays, les entreprises Aspen, Biovac et NantSA ont récemment fait le choix de s’installer en Afrique du Sud. En janvier dernier, l’entreprise américaine NantSA a en effet annoncé l’implantation d’une usine de fabrication de vaccins. Celle-ci devrait à terme, employer entre 400 et 600 personnes. Autant de signes que le secteur pharmaceutique sud-africain a de beaux jours devant lui.
Le Maroc
Avec 700 millions de dirhams d’investissements annuels (environ 660 millions d’euros) et un chiffre d’affaires de 14 milliards de dirhams par an (13,1 milliards de euros), l'industrie pharmaceutique marocaine occupe, par sa taille, la 2e place à l’échelle africaine. Grâce à ses 40 laboratoires, 33 sites de production, 50 distributeurs et plus de 11 000 pharmacies, l’industrie pharmaceutique marocaine couvre la majeure partie de la demande intérieure et exporte 7 à 8 % de sa production vers l'Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient, et même l’Europe. Un dynamisme qui, couplé avec l’engagement panafricain du royaume chérifien, devrait positionner le pays comme l’un leader continental du secteur et créer un nombre croissant d’emplois.
L’Égypte
Autre leader du secteur en Afrique : l’Égypte, où 85% des besoins en médicaments de la population égyptienne sont produits par le pays. L’avenir de l’industrie pharmaceutique égyptienne est prometteur, en particulier depuis l’inauguration, en avril 2021, de Gypto Pharma City à Khanka, dans le Grand Caire, l'une des plus grandes villes pharmaceutiques de l'Orient.
Gypto Pharma City est l'une des plus grandes villes pharmaceutiques du Moyen-Orient, alors que le pays cherche à devenir un centre régional de fabrication de médicaments. La nouvelle ville contribuera non seulement à réduire la facture d'importation de médicaments de l'étranger, mais poussera également l’Égypte à exporter des médicaments à l'étranger, notamment en Afrique et dans les pays de la Méditerranée orientale, à des prix compétitifs.
Le Kenya
Des multinationales de premier plan telles que Pfizer, Sanofi, Novartis et Merck & Co sont toutes actives sur le marché kenyan. Si le secteur est moins développé que celui des trois premiers pays de cette liste (environ 80 % de la demande locale de médicaments au Kenya est actuellement satisfaite par des importations), le marché kenyan possède un potentiel non négligeable. L’appartenance du pays à des zones de libre-échange telles que la Communauté des pays d’Afrique de l’Est ou le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA) lui permettra de vendre sa production locale au reste du continent, dont le marché total est évalué à 13,6 milliards de dollars.
Les firmes internationales ont compris ce potentiel : la société américaine Moderna prévoit d'investir 460 millions d’euros dans la production de vaccins à destination du continent africain, et a annoncé, le 7 mars dernier, la signature d'un accord préalable avec le gouvernement kényan pour installer dans le pays sa première usine de vaccins à ARN messager en Afrique.
Le Rwanda
Dernier de cette liste : le Rwanda qui, malgré son industrie pharmaceutique encore peu développée, a commencé à se positionner comme un acteur de poids dans le secteur pharmaceutique africain au cours des derniers mois. Le pays a en effet été sélectionné le 15 juillet dernier pour accueillir l'Agence africaine des médicaments (AMA), qui permettra de développer le commerce du médicament en Afrique, et d’en harmoniser les procédures, les réglementations et les standards. Une décision qui va immanquablement attirer des compétences au Rwanda en termes d'évaluation et de contrôle de la qualité des médicaments, et plus généralement des produits de santé, et se traduira aussi par des investissements dans ce domaine.
Un mois plus tôt, en juin, le Rwanda a également entamé la construction de la toute première usine de vaccins à ARNm de toute l'Afrique, appartenant à la société pharmaceutique allemande BioNTech. En parallèle, le gouvernement rwandais a approuvé la création de l'Africa Biomanufacturing Institute, qui contribuera au développement de la main-d'œuvre et à combler le déficit de compétences qui existe dans le secteur de la biopharmacie en Afrique.