Industrie 4.0 : les métiers de demain
Le 29/05/2023
Si l'Afrique a moins bénéficié des avancés technologiques lors des précédentes révolutions industrielles, la quatrième révolution industrielle, entamée au début de ce siècle, pourrait bien changer la donne.
La pandémie de Covid-19 a en effet révélé le véritable potentiel de la technologie numérique en Afrique en bouleversant le statu quo et en donnant un coup de fouet à diverses technologies. Par exemple, les vagues de confinement ont provoqué un boom sans précédent du commerce électronique en Afrique subsaharienne, qui devrait représenter 5,2 % du PIB du continent à l'horizon 2025.
Bien avant la pandémie, la blockchain était quant à elle déjà utilisée pour vérifier les registres de propriété au Kenya, tandis que les entreprises Farmerline et Agrocenta, basées au Ghana, utilisaient la technologie web et mobile pour soutenir les agriculteurs.
Plusieurs facteurs placent la région subsaharienne en bonne position pour tirer parti de l’industrie 4.0. Par exemple, la région a récemment connu une expansion massive de la technologie mobile, les consommateurs passant directement des canaux de développement traditionnels aux services numériques, notamment en ce qui concerne les services bancaires. L'Afrique possède également la population la plus jeune du monde, un dividende démographique qui peut lui offrir un avantage concurrentiel significatif.
A l’heure où l'Afrique est en train de se positionner au cœur de cette nouvelle révolution technologique, voici un aperçu des effets transformateurs qu’elle aura sur le paysage professionnel du continent.
E-Santé
La technologie mobile a considérablement amélioré la prestation de services de santé dans plusieurs pays africains. En 2016, le Rwanda est devenu le premier pays à intégrer des drones dans son système de soins de santé, en utilisant des véhicules aériens autonomes pour livrer des transfusions sanguines dans des régions reculées. En 2014, l’usage de WhatsApp a permis une réponse efficace à l’épidémie d’Ébola en Afrique de l’Ouest, en permettant de partager des informations, vérifier les symptômes et communiquer avec les malades sous quarantaine.
Enfin, l’IA commence à être progressivement utilisée dans des pays comme l’Éthiopie, où elle permet aux professionnels de la santé de diagnostiquer correctement le cancer du col de l'utérus et d'autres maladies.
Si l'intelligence artificielle et la robotique pourraient réduire, voire remplacer la présence humaine au sein de certaines professions de santé, ils créeront également de nouvelles professions, comme les spécialistes experts en chirurgie robots ou les analystes de données de santé, chargés de donner un sens au « Big Data » dans ce domaine.
Gouvernance technologique
L'innovation étant au cœur de la quatrième révolution industrielle, le renforcement de la capacité de l'État et des institutions à soutenir l'innovation et à créer un environnement commercial favorable et des réglementations adaptées aux avancées technologiques est essentiel pour réussir. La prestation de services administratifs en ligne, par exemple, crée des besoins spécifiques en matière de sécurité – et ce d’autant plus que les flux de données transfrontaliers seront amenés à considérablement augmenter dans les années à venir. Le renforcement de la cybersécurité constitue donc un défi réglementaire majeur.
Dans ce cadre, le métier de chief data officer (CDO) ou directeur des données, dont l’activité consiste à définir une stratégie globale du traitement des données d’une entreprise ou d’une institution, et de responsable sécurité des systèmes d’information (RSSI), chargé d’identifier les risques et à définir la politique de sécurité des systèmes d’information, deviendront plus essentiels que jamais.
Recherche et innovation
Étant l'une des technologies les plus importantes de notre époque, l'intelligence artificielle permettra de faire progresser la capacité d'innovation de l'Afrique et de la positionner de manière unique. Mais pour cela, il est essentiel de "former" les algorithmes pour qu'ils fonctionnent parfaitement et soient adaptés aux usages et besoins locaux. C'est là qu'intervient l'expert en deep learning, qui s'assure de la bonne formation de l'intelligence artificielle, en lui fournissant des données "propres" et "cohérentes".
Ce besoin accru en expertise demandera des investissements en recherche et en innovation. Le continent africain comprend désormais plus de 400 hubs numériques dans 93 villes, dont plus de 130 hubs ouverts depuis 2020. Trois pôles clés - Lagos, au Nigeria, Nairobi, au Kenya, et Le Cap, en Afrique du Sud ont acquis une reconnaissance mondiale. Au-delà des experts en deep learning, cette évolution créera de nombreuses opportunités d’emploi, notamment dans les domaines des fintechs, du commerce en ligne ou encore de l’e-gouvernance.
Agriculture du futur
Les nouvelles technologies joueront un rôle important dans la transformation des systèmes alimentaires africains. L'agriculture représente à elle seule 60 % de l'emploi total en Afrique subsaharienne, et le secteur alimentaire devrait créer plus d'emplois que le reste de l'économie entre 2010 et 2025. En outre, à mesure que les revenus augmentent sur le continent, la demande croissante des consommateurs en aliments et boissons entrainera la croissance interentreprises de l'agroalimentaire.
Actuellement, les entreprises Farmerline et Agrocenta, basées au Ghana, proposent aux agriculteurs des technologies mobiles et web pour des conseils agricoles, des informations météorologiques et des astuces financières. Zenvus, une startup nigériane, mesure et analyse les données du sol pour aider les agriculteurs à appliquer le bon engrais et à irriguer les exploitations de manière optimale.
Parmi les métiers en passe de devenir très demandés, on retrouve notamment les ingénieurs logiciel (chargés de développer des applications mobiles, des logiciels et des sites web), les analystes de données (qui aident à prendre des décisions plus intelligentes sur la base des données recueillies lors d’efforts agricoles antérieurs et actuels), ou encore une fois les spécialistes de l’intelligence artificielle (IA), dont le rôle est de créer des logiciels, des machines et des applications qui rendent l’agriculture plus facile et plus rentable pour les agriculteurs et les entreprises agrotechnologiques.