Finances : quatre compétences essentielles pour travailler dans le secteur en Afrique
Le 13/09/2022
De leur côté, les opérateurs mobiles money et fintech ont bénéficié de l’explosion du recours aux outils digitaux. Du Sud-africain Pineapple au Nigérian Paystack en passant par la panafricaine InTouch, un grand nombre de fintechs africaines ont convaincu les investisseurs et de nouveaux clients que leurs services avaient de l’avenir, avec d’impressionnantes levées de fonds à la clé. Bien que le secteur financier diffère d’une région à une autre, il présente un point commun à travers l’ensemble du continent : celui d’évoluer dans un environnement de plus en plus ouvert sur l’international et offrant des perspectives prometteuses. Dans ce contexte, les principaux acteurs financiers, à savoir les banques, les institutions de microfinance et les fonds de capital-investissement, sont à la recherche d’un personnel possédant des connaissances qui leur permettront de s’adapter aux futurs défis auxquels ils devront faire face. Voici quatre compétences indispensables et transversales pour travailler dans le secteur en Afrique.
Compétences digitales : de plus en plus indispensables
La transformation numérique du secteur financier présente un énorme potentiel de stimulation du développement et de la croissance en Afrique. Dans un marché en évolution rapide et de plus en plus digitalisé, les besoins des banques en ressources humaines qualifiées et maîtrisant les nouvelles technologies de l’information se sont considérablement accrues. Depuis quelques années, la montée en puissance des technologies blockchain et des crypto-actifs, la possibilité de récolter et traiter un nombre de données quasiment infini (Big Data) et le recours à l’intelligence artificielle ont également profondément transformé la finance mondiale.
Une tendance confirmée par une étude menée par le cabinet Deloitte et l’Africa CEO Forum, qui a révélé que plus de 70% des institutions financières du continent estimaient que le lancement ou l’accélération de la digitalisation de leur activité était devenu leur priorité stratégique depuis la pandémie. Ainsi, s’il n’est pas indispensable de posséder un master en informatique, une formation complémentaire ou une connaissance solide de l’architecture digitale du secteur peuvent aider à se démarquer et à prospérer dans le poste.
Maitriser les clés de la finance verte
L’Afrique et ses secteurs financiers sont particulièrement exposés aux risques liés au changement climatique. En conséquence, le « verdissement » des secteurs financiers africains est essentiel pour mobiliser des capitaux supplémentaires dans la lutte contre le changement climatique.
Bien que le nombre et le montant des émissions des obligations vertes augmentent presque chaque année sur le marché́ africain, ce dernier reste globalement peu développé́ par rapport aux marchés équivalents dans d’autres régions. Dans ce contexte, le changement climatique et la transition énergétique présentent à la fois un risque et un potentiel de développement pour l’activité des banques africaines.
Selon l’enquête 2021 de la Banque européenne d’investissement (BEI), les banques africaines sont de plus en plus conscientes de la nécessité de faire face aux risques que représente le réchauffement climatique et ont déjà commencé à tirer parti des possibilités qu’offre la finance verte. Par exemple, 54 % des banques interrogées considéraient le climat comme un enjeu stratégique, et un peu plus de 40 % d’entre elles avaient engagé du personnel travaillant sur les perspectives liées au climat. Côté africain, si les chiffres sont indisponibles, une certitude : le secteur devrait lui aussi attirer des compétences dans les années à venir.
La microfinance : un secteur d’avenir
L’Afrique a fait des progrès considérables en matière d’inclusion financière au cours de la dernière décennie, mais des lacunes importantes subsistent. Ainsi, près de 57% des adultes africains n’étaient toujours pas bancarisés avant la crise du COVID-19. En outre, des inégalités persistent : les femmes, les ménages pauvres en zone rurale et les personnes travaillant en dehors de l’économie formelle sont les plus susceptibles de ne pas être bancarisés.
La microfinance est souvent la seule source officielle de financement pour ces groupes. Les institutions formelles de microfinance (IMF) constituent une source de financement importante et ont desservi plus de 6,3 millions de personnes en Afrique en 2018, dont 64 % de femmes et 60 % habitant en milieu rural. Elles ont de plus fait preuve d’une grande résilience face aux crises qui les ont frappées ces dernières années, et bénéficient souvent de l’appui des décideurs politiques qui ont bien compris leur utilité. Acquérir des compétences-clés en microfinance et en maitriser les outils est donc un avantage non-négligeable sur le continent africain.
La gestion des risques : une exigence à l’international
Les environnements politiques et socio-économiques dans lesquels évoluent les banques africaines sont parfois instables et comportent de nombreux risques. De même, la Trade Finance (activité par laquelle les banques appuient les opérateurs économiques africains dans leurs opérations de commerce international) requiert une attention particulière de la part des banques africaines, qui doivent satisfaire aux exigences de leurs bailleurs de fonds internationaux en matière de transparence et de respect des réglementations internationales. Enfin, dans un contexte favorable à l’intégration régionale en Afrique, plusieurs banques africaines se sont développées à l’échelle du continent, entraînant de nouveaux défis en matière de gestion des risques transfrontaliers. Ceci impose aux banques africaines de faire évoluer leur dispositif de gestion des risques selon les meilleures pratiques internationales. De solides compétences en matière de gestion des risques, c’est-à-dire la capacité d’évaluer, gérer et suivre les risques auxquels un organisme financier est ou pourrait être exposé, est donc un gage d’employabilité en Afrique.