Six secteurs verts qui recrutent en Afrique
Le 01/09/2022
Bien que n’étant responsable que de 3,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l'Afrique est le continent le plus durement touché par les effets négatifs du changement climatique. Malgré ce sombre constat, les pays africains ne baissent pas les bras face à ce défi. Au contraire, nombre de gouvernements ont désormais adopté d’ambitieuses stratégies économiques de croissance verte et de résilience climatique visant à assurer leur croissance économique, tout en maintenant leur faible empreinte carbone actuelle. Une tendance confirmée par un récent rapport de la Banque africaine de développement et l'Institut mondial pour la croissance verte, qui a trouvé des preuves d'un engagement politique grandissant en faveur de la croissance verte de la part de plusieurs pays. L’augmentation des activités en lien avec l'économie verte s’est naturellement accompagnée d’une demande accrue dans les métiers visant à favoriser un développement durable et soutenable en Afrique. De la gestion des ressources naturelles au bâtiment, voici un panorama des secteurs où les métiers verts sont les plus en demande sur le continent africain.
Les énergies renouvelables
L’Afrique possède suffisamment de sources d’énergie solaire, éolienne et hydroélectrique pour alimenter et faciliter le développement économique de l’ensemble des pays du continent. Si ces ressources demeurent sous-exploitées, la transition vers les énergies renouvelables en Afrique a progressé de manière impressionnante ces dernières années. Selon les prévisions de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), les énergies renouvelables pourraient représenter jusqu'à 67 % de la production d'électricité en Afrique subsaharienne d'ici 2030. Les énergies renouvelables offriront donc d’intéressantes opportunités d’emploi dans les années à venir. Certains profils, tels que les ingénieurs en énergie solaire, thermique ou photovoltaïque, capables de déterminer pour chaque client la meilleure formule énergétique et de gérer des chantiers d’installation, seront tout particulièrement recherchés. Les ingénieurs R&D dans les domaines de la biomasse, éolien, hydraulique, solaire, géothermie, dont le rôle est d’améliorer des techniques existantes ou d’en inventer de nouvelles, seront eux aussi très demandés.
Le secteur du bâtiment
Le secteur du bâtiment est responsable d’environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Réduire les effets des bâtiments sur l’environnement est donc un enjeu important dans la planification de villes durables en Afrique, et ce d’autant plus que la population du continent va doubler d’ici 2050 et que 70 % de sa croissance démographique sera absorbée par les villes. Les experts en conception de bâtiments haute performance et à consommation minimale d’énergie et de ressources seront donc amenés à jouer un rôle de plus en plus important à l’avenir, que ce soit pour concevoir de nouveaux bâtiments ou rénover des bâtiments existants. Parmi les métiers du bâtiment et de l’aménagement durable, on retrouve évidement les architectes et ingénieurs civil, mais aussi les biochimistes en environnement ou encore technologues/techniciens en génie civil.
L’agriculture biologique
À l’échelle de la planète, l’agriculture biologique couvrait 57,8 millions d’hectares en 2016, incluant les surfaces en conversion, soit près de 1,2 % des surfaces agricoles cultivées, mais seulement 0,2 % des terres cultivées du continent africain. Or, une étude de l'Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) montre que l'agriculture biologique a le potentiel d'augmenter considérablement les rendements et les revenus des petites exploitations agricoles en Afrique et de renforcer la sécurité alimentaire, tout en contribuant au développement durable des pays du continent. En outre, le marché des produits issus de l’agriculture biologique est en constante augmentation, augmentant les opportunités pour les agriculteurs africains d’exporter leurs produits vers l’Europe. De nombreux emplois seront créés pour répondre à cette demande. Les conseillers en agriculture durable et en hydraulique agricole, ingénieurs des travaux agricoles et techniciens - conseillers en agrobiologie et du génie rural, joueront un rôle clé dans la transition vers une agriculture durable.
Le traitement des eaux usées
Il n’est aujourd’hui plus nécessaire de démontrer le lien existant entre l’accès à l'eau et développement économique ; ainsi qu’entre l’amélioration des conditions d'hygiène et de santé et la robustesse des économies nationales. L'accès à l'eau potable et l'assainissement des eaux usées sont donc les fondements d'un développement soutenable. Longtemps délaissée, la question de l'assainissement des eaux usées a récemment commencé à s’imposer en priorité politique en Afrique. En découle une demande accrue pour les professionnels du secteurs, tels que les chefs de projets en éco-entreprises (professionnels de l’environnement chargés de chapeauter, coordonner et piloter l’ensemble des projets liés à la gestion de l’eau), conseillers en gestion de l’eau (qui mènent des études et diagnostics relatifs à la ressource en eau), et techniciens d’assainissement et en stations d’épuration.
La préservation des ressources naturelles et de la biodiversité
La forêt tropicale du bassin du Congo, qui concentre 10 % de la biodiversité mondiale et s’étend sur plus de 3,6 millions de kilomètres carrés répartis sur six pays, est parfois qualifiée de second poumon de la planète. L’Afrique abrite en outre l’une des biodiversités les plus diversifiées au monde, et est le continent où se situent 8 des 34 foyers de biodiversité de la planète. Cette richesse est cependant menacée par l’érosion et la dégradation des habitats naturels (liées surtout à l’expansion des surfaces agricoles) et la surexploitation directe des poissons et de la faune sauvage. Pourtant, une grande partie des activités humaines est compatible avec le maintien d’une biodiversité importante, à condition que certaines règles de gestion et d’aménagement soient respectées. Ce développement respectueux de la nature nécessite des experts pour étudier la biodiversité (botanistes, biologistes, …), la préserver et la conserver (conseillers en environnement, gardes forestiers) et l’exploiter (agriculteurs, horticulteurs et paysagistes).
La réhabilitation des sites industriels et miniers
Les experts spécialisés dans la réhabilitation des sites miniers et industriels sont particulièrement en demande depuis quelques années. Ces sites, une fois fermés ou abandonnés, peuvent en effet avoir un impact négatif sur l'environnement, la biodiversité et la santé des communautés locales (avec des conséquences telles que l'érosion et la libération de toxines et de métaux lourds). Leur réhabilitation permet non seulement d’éviter cet impact environnemental, mais aussi de reconvertir ces sites en activités profitables : l'espace récupéré peut ainsi être utilisé pour l'agriculture, les fermes de panneaux solaires, des projets de construction et mêmes des activités récréatives et touristiques. Ce type de services environnementaux exige l'interaction de plusieurs disciplines, telles que les l’ingénierie en traitement des déchets toxiques (pour gérer les matériaux et produits contaminés) et la technique de l’environnement et la biologie (pour la réhabilitation environnementale, l'éco-régénération et la restauration), ou encore l’ingénierie des matériaux, les sciences du bâtiments et l’architecture de paysages.